L’accrochage avec l’officier à Linkerin
C’est le matin, tout le monde est réveillé . Après que chacun est fini son petit rituel du matin, les passagers rejoignent leur véhicule. On est paré pour la route.
A quelques kilomètres de là se trouve la frontière Guinée-Sénégal plus connu sous le nom de “Linkerin”.
Aux alentours de 8h on arrive à Linkerin. Tout le monde descend du véhicule, se dirige vers la base et prend place sous un hangar par ordre d’arrivé. Chaque passager doit passer dans la salle des officiers afin d’être identifier pour passer de l’autre coté de la frontière.
Les chauffeurs font passer leurs véhicules sous la corde qui sert de barrage et passent pour identification (une identification propre à eux apparemment).
Sous le hangar, la file est longue mais mon tour arrive enfin. Je rentre dans la salle et un jeune garçon me précède. L’officier lui demande sa pièce d’identité, il dit qu’il n’en a pas. A quoi l’officier répond: Tu n’as même pas de pièce d’identité? T’es sûr que tu es Guinéen? Donnes 5000fcfa! Le gars paye et sors. Je m’approche ensuite, il me demande ma pièce d’identité que je lui tend et sans même regarder la carte d’identité il me lance: Payes 5000fcfa. Je lui tend les 5000fcfa en disant: Je me demande bien à quoi sert ma carte? (si je paye 5000fcfa comme celui qui n’en a pas). C’était apparemment la question interdite. Il s’écria en colère: Impolie! Comment peux tu me parler ainsi? Tu es insolente? A quoi j’ai rit (deuxième interdit). Fâché et très clairement perturbé par ma remarque qui est tout à fait légitime, il me remit les 5000fcfa et confisqua ma pièce avant d’appeler la sécurité pour me jeter dehors. Il me dit: comme tu crois que tu connais mon boulot mieux que moi tu vas rester ici. L’officier me pris par la main et me jeta dehors sans que je ne montre aucune résistance. Il m’amena dehors sous le fameux hangar mais dans un coin éloigné des autres. Il me dit qu’ici il faut se taire et faire ce qu’on te dit avant de retourner à son poste. J’appelle aussitôt mon cousin qui était déjà passé, pour lui faire part de la situation et il informa le chauffeur à son tour.
Après plusieurs minutes à attendre, le chauffeur vint me trouver, il me demande ce qui s’est passé, je lui raconte exactement les faits. Il me dit d’attendre et se dirige vers la salle des officiers. Après une longue discussion entre eux, on me demandait d’entrer. L’officier repris le même discours qu’il avait eu plutôt et me traita encore d’insolente, à quoi je ne pu m’empêcher d’éclater de rire, voyant à quel point son ego fut touché par la vérité. Je laissait le chauffeur discuter avec lui sans dire un mot. Il se calma finalement, me remit ma carte et repris les 5000fcfa qu’il m’avaient rendu (j’espérais qu’il les oublies).
Après cette agitation on retourna au véhicule. Direction ma chère Guinée!
Une lieur d’espoir partit en fumé
Ce moment fut l’un des meilleurs moment du voyage. Je foulais désormais le sol guinéen. Le sentiment du retour chez soi et l’impatience de revoir mes parents remplirent mon cœur de joie. Mais surtout j’étais persuadée que désormais, fini le calvaire avec les officiers, je suis quand même chez moi maintenant.
Devinez quoi! Comme d’habitude c’était loin d’être comme je m’y attendais.
A seulement quelques kilomètres de Linkerin, à “Mboundou Fourdou” se trouve la première base militaire Guinéenne en quittant le Sénégal.
Dans cette base il y a deux points de vérifications. Les deux vérifient exactement les mêmes choses(première arnaque), la carte d’identité et la carte de vaccination contre le covid(deuxième arnaque). Dans chacun des deux points de vérifications, si tu as une carte d’identité et pas une carte de vaccination ou le contraire, tu payes 20.000gnf soit 40.000gnf en tout.
La lieur d’espoir que j’avais eu pendant un moment s’envole aussitôt que j’apprend cela. Comment peut-il y avoir deux points de vérifications dans une même base, qui plus est la distance qui les sépare fait à peine un kilomètre? Et depuis quand la pièce d’identité nationale a-t-elle la même valeur qu’une carte de vaccination covid, surtout à une période où les cas de covid sont extrêmement rares pour ne pas dire nuls?
J’ai une carte d’identité mais pas une carte de vaccination. Dans chacun des deux points je payes donc 20.000gnf.
Puis j’apprend qu’il y a encore une autre base, “San Baïlo”, quelques kilomètres plus loin. Elle aurait les mêmes exigences pour ne pas dire délires.
A cet instant là je me resigne. Je me dis au fond de moi que ce voyage est le plus pourris que j’ai jamais eu à faire et que la galère continuera jusqu’à ce que je mette les pieds dans la maison de mes parents.
De nombreuses questions me traversent l’esprit et je prends mon bloc note pour noter les grandes lignes du voyage pour l’article que j’écrierai plus tard (celui que vous êtes entrain de lire).
L’arrivée
Après avoir passé la deuxième base, le voyage se fit vite et tranquillement. Fini les barrages et les réclamations de pièces d’identité. On s’arrêta quelques fois en route histoire de manger, prier et se dégourdir les jambes.
Le soleil est presque couché quand on arrive à la rentrée de la ville de Labé, notre destination finale.
On est en début de saison des pluies. Les arbres reprennent vie, la forêt retrouve sa grandeur, la fraîcheur et le doux parfum des arbres sont dispersés par le vend qui souffle. J’admire ce beau paysage vert qui m’a tant manqué et j’en profite pour faire une vidéo. Tout cela me réconforta d’avoir supporté ce voyage plutôt spécial.
Il faut encore quelques kilomètres pour arriver en ville. J’appelle ma mère pour lui informer que je suis en route et que j’arrive bientôt (elle n’était pas au courant de mon voyage, c’était une surprise).
Mais avec ce voyage chaque moment de soulagement est suivi par un moment de surprise, eh bien cette fois n’allait pas faire l’exception. Ma mère m’apprend qu’elle n’est pas en ville! Elle est parti rendre visite à sa mère au village. Comme quoi, à chacun sa mère. 😉
Mais elle me console en me disant qu’elle ne resterait que quelques jours. Et après tout, papa et le reste de la famille sont là; donc c’est pas vraiment mauvais.
Juste avant la prière de 19h, on arrive à la gare de Labé située au marché de “Daka”. Tout le monde est content, récupère ses bagages et on se dit au-revoir sans manquer, comme il est de coutume, de nous présenter des excuses l’un l’autre pour tout dérangement survenu durant le voyage.
Mon cousin et moi récupérons nos bagages et chacun de nous prend un taxi pour rejoindre sa maison. C’est là que nos routes se séparent.
J’arrive enfin à la maison quelques minutes plus tard et la joie des retrouvailles me fait oublier toutes les difficultés survenues lors du voyage.
Ce que ce voyage m’a apprit
J’ai appris pas mal de choses durant ce voyage mais je vais vous partager les deux leçons que j’estime être les plus importantes.
Premièrement, tout au long de ce voyage, à chaque fois qu’il y ait eu un petit soucis, j’y ai fait face en espérant que ce serait le dernier. Seulement ce n’était jamais le dernier, chaque moment de répit était suivie par une véritable galère. Cela nous rappelle une chose évidente mais qu’on a tendance à oublier: la vie n’est qu’une succession d’épreuves (heureuses ou malheureuses).
Garder cela à l’esprit nous permet de faire face aux difficultés avec courage sans perdre espoir, mais également de vivre nos moments de bonheur avec humilité sachant que rien n’est vraiment acquis.
La deuxième leçon importante que j’ai apprise lors de ce voyage est la capacité incroyable d’adaptation de l’être humain et le danger que celle-ci apporte dans certaines situations.
Le trajet Dakar-Labé vous l’avez lu, n’est pas des plus tendres. Cependant, bien qu’il y ait toujours énormément de gens qui empruntent cette voie, d’ailleurs plusieurs fois dans le mois pour certains, personne n’en parle. Cela est dû en parti à la capacité d’adaptation dont est doté l’être humain. Peu importe combien une situation est difficile, avec le temps on fini par s’y habituer.
Le danger survient lorsque nous oublions qu’il est possible d’améliorer voir de changer complètement cette situation. Pour éviter cela, nous ne devons pas nous limiter à ce que nous connaissons ou pensons connaitre. Nous devons garder à l’esprit que ce qui a toujours été ne doit pas forcément rester et que le changement est parfois salutaire.
Conclusion
Le récit fut long mais j’espère que vous avez pris plaisir à le lire.
Notre petit voyage prend fin. J’attends vos réflexions dans les commentaires.
Je vous dit à très bientôt pour un nouvel article. Prenez soin de vous!